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Jeunesse et engagement

posté le 05 août 2022

Dans : La vie de l'Ufcv


Les stéréotypes sur la jeunesse ont la dent dure. On la dit égoïste, je-m’en-foutiste, désengagée… Pourtant, les chiffres montrent le contraire ! Dans son Rapport d'activitél'Ufcv se penche sur les jeunesses d'aujourd'hui et leur rapport à l'engagement : ils boudent les urnes et les partis politiques, mais consomment responsable, marchent pour le climat ou prennent la parole à coup de hashtags. Décryptage d’une jeunesse qui s’engage à sa manière et son image, avec les témoignages de 5 jeunes engagés – Élise, Marie, Éric, Charlotte et Jérémy.

Un désengagement, vraiment ? 

« Un journaliste est venu nous interviewer à la fac. Il est arrivé avec plein de clichés sur les jeunes qui ne votent pas, se plaignent de tout et ne se mobilisent pour rien. Il est reparti très surpris ! », raconte Jérémy. L’étudiant en STAPS de 22 ans lui a confié son vote à l’élection présidentielle et ses engagements bénévoles. « J’ai été formateur Bafa (Brevet d’aptitude aux fonctions d’animateur) à l’Ufcv pendant 5 ans. Aujourd’hui, je forme les nouveaux formateurs. Je m’occupe aussi de la communication d’une association qui encourage la pratique de nouveaux sports pour tous ». Un ovni dans cette génération Z, que certaines idées reçues disent égoïste, je-m’en-foutiste… et désengagée ? 

Non, répondent les chiffres ! En 2021, 40 % des 18-30 ans étaient bénévoles dans une association. En 2020, près d’un sur deux a signé une pétition ou défendu une cause sur Internet, un blog ou un réseau social au cours des 12 derniers mois. Près d’un sur cinq a participé à une manifestation, une grève ou occupé des lieux. En 2021, près de 150 000 volontaires ont commencé une mission de Service Civique. 

« Les jeunes sont moins présents dans les engagements traditionnels, comme les syndicats et les partis politiques, mais ils ne sont pas immobiles », explique le sociologue Boris Teruel, qui rappelle que l’époque a changé. « On fait porter à la jeunesse une transformation sociétale qui concerne toute la population. La société s’est complexifiée, individualisée, désenchantée, numérisée ; l’engagement a muté. » Porté en majorité par les classes les plus favorisées et diplômées, il est devenu pluriel, temporaire, parfois individuel ou informel, souvent plus complexe à repérer et mesurer mais n’a rien perdu de sa vitalité. 


Photo prise lors d'une session Bafa à Montpellier © Gilles Legoff

Ou l’engagement autrement ? 

« On s’engage pour l’alimentation durable en consommant bio et local, mais c’est complètement invisibilisé », commence Élise, 20 ans. Plus sensibilisée que ses aînés aux nouveaux défis du 21e siècle, la nouvelle génération politise sa consommation et les gestes de sa vie quotidienne : tri des déchets, boycott d’un film, partage d’une publication en ligne… Autant d’attitudes civiques personnelles qui constituent pour Boris Teruel, la première marche de l’engagement. 

Climat, égalité homme-femme, lutte contre les discriminations ou les violences policières… les jeunes se mobilisent pour plusieurs causes qui leur tiennent à cœur. « Je vois deux urgences : l’écologie et le féminisme », ajoute l’étudiante, qui consomme responsable, manifeste contre les violences faites aux femmes, mais pas que ! En première année à Sciences-Po Bordeaux, elle a intégré une association d’aide aux réfugiés. L’an dernier, elle a réalisé une mission de Service Civique à l’Ufcv, pour favoriser le dialogue entre jeunes citoyens et décideurs européens, mission qu’elle poursuit bénévolement au sein de l’association. 

« La grande différence, explique Boris Teruel, c’est ce multi-engagement et un rapport différent au temps. On n’épouse plus de grandes idéologies qui vont prendre toute une vie ; on privilégie les actions ciblées, provisoires, rapides à mettre en place. Il faut être efficace ! » Objectif : avoir un impact direct et concret. Autre désir : prendre sa place et faire entendre sa voix, dans des associations plus horizontales, répondant mieux aux volontés d’organisation des jeunes avec moins de lien de subordination et plus de démocratie dans les prises de décision. « À l’Ufcv, on m’a fait confiance et comprendre que je pouvais apporter quelque chose en plus malgré mes 17 ans. On est toujours à mon écoute et je sais que mes remarques sont prises en compte », témoigne Jérémy.

Un plongeon dans une nouvelle ère ? Si les causes de prédilection et les pratiques de mobilisation ont muté, les formes restent les mêmes d’après le sociologue : pétitions, boycotts, manifestations, actions violentes… « Le numérique n’a pas révolutionné le militantisme. Les jeunes l’utilisent surtout pour s’organiser, se structurer ou relayer ; il n’a pas remplacé le physique. » 

Photo prise dans un accueil de loisirs à Coubert (77) © Ufcv

Un engagement qui fait sens pour les autres… et pour soi. 

« Je veux bousculer les idées reçues… mais aussi prouver aux autres et à moi-même que je peux y arriver. » Après une mission de Service Civique chez un partenaire de l’Ufcv, Éric, 21 ans et non voyant, a décidé d’intervenir dans les écoles et centres de loisirs pour sensibiliser les enfants à la déficience visuelle. « Les jeunes s’engagent pour une cause qui les a percutés, explique Boris Teruel. Ils choisissent un engagement qui leur ressemble, qui leur permet de se sentir utiles, de trouver du sens, mais aussi de se construire ». 

Ceux-ci racontent en effet une véritable expérience de vie qui les aide à s’affirmer, s’épanouir ou se réaliser, à construire leur identité… et leur avenir. Étape-clé dans l’apprentissage de la citoyenneté, l’engagement est aussi un tremplin pour l’insertion professionnelle. « Grâce au Service Civique, j’ai rencontré des jeunes d’horizons très différents, c’était vraiment enrichissant », explique Élise. « J’ai beaucoup plus confiance en moi. C’est gratifiant de savoir qu’on compte sur moi », poursuit Jérémy. Le jeune homme – qui s’est créé un bon réseau dans l’animation – a aussi appris à parler en public, gérer des conflits ou mettre sur pied des formations interactives. Autant de nouvelles connaissances et compétences qui viendront étoffer son CV.

Déjà insérée, Marie, 27 ans, s’engage tous les jours… dans son métier. Un phénomène qui n’est pas né hier, mais qui pour Boris Teruel s’est accéléré ces dernières années. « C’est la fin du travail alimentaire : les jeunes cherchent à s’accomplir. Les plus intégrés veulent transformer la société ». Comme la jeune animatrice dans les centres de loisirs de l’Ufcv : « Il me faut une raison de me lever, je l’ai trouvée dans mon engagement auprès des enfants. On les sensibilise à l’écologie ou au vivre-ensemble. On leur apprend à donner leur avis et faire entendre leur voix. Si un enfant me dit qu’il a appris quelque chose grâce à moi, j’ai gagné mon défi ! ».


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