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Qui sont les jeunesse(s) d’aujourd’hui ?

posté le 02 août 2022

Dans : La vie de l'Ufcv


« C’est dur d’avoir 20 ans en 2020 » déclarait Emmanuel Macron en pleine pandémie. Et en 2022 ? Enfants de la crise, ils ont grandi entre peur du chômage et urgence climatique. Génération Z ou Covid, ils entrent dans la vie adulte en pleine pandémie. Dans son Rapport d'activité, l'Ufcv dédie un Dossier spécial aux jeunesses d'aujourd'hui. Qui sont-elles ? Quel regard portent-elles sur le monde qui les entoure ? Comment envisagent-elles l'avenir ? 5 jeunes engagés – Élise, Marie, Éric, Charlotte et Jérémy – nous ont aidés à répondre à ces questions.

Génération Covid ? 

« Comme lors de toutes les crises économiques récentes, les jeunes se retrouvent en première ligne, et notamment les plus précaires d’entre eux. », déclarait Louis Morin, directeur de l’Observatoire des inégalités, le 1er avril 2021. « Notre génération a trinqué », confirme Éric, 21 ans. En première ligne du chômage et de la précarité, les jeunes ont pris les secousses économiques de plein fouet. 72 % des 18-25 ans déclarent avoir rencontré des difficultés financières ; un chiffre qui grimpe à 82 % pour les étudiants salariés. 

« J’ai eu la chance de pouvoir garder mon logement au CROUS et d’avoir mes parents derrière moi, mais j’ai vu plein de jeunes galérer ! Beaucoup ont perdu leur emploi, notamment ceux qui travaillaient dans la restauration, et donc leur rémunération », témoigne Élise, 20 ans, en 3e année à Sciences-Po Bordeaux. Manque d’argent pour se loger, bien se nourrir ou se soigner… la crise a creusé les inégalités et fait basculer tout un pan de la jeunesse dans la précarité. Études interrompues, examens bousculés ou stages annulés : elle a aussi donné un coup de pied – voire coup d’arrêt – dans la construction des avenirs. « J’allais commencer un stage au Club de rugby de Toulon quand nous avons tous été confinés », témoigne Jérémy, 22 ans, étudiant en STAPS à Marseille. Même constat chez Élise qui devait partir en Israël : « Ma mobilité a été annulée et toute ma vie chamboulée. » 

Stagiaires bafa lors d'une session de formation générale à l'ufcvPhoto prise lors d'une session Bafa © Gilles Legoff
 

Aux horizons incertains s’est ajoutée la solitude du quotidien. Confinements, couvre-feux, travail ou enseignement à distance, fermetures des bars ou restaurants… ont mis les jeunes à rude épreuve. « C’était difficile pour tout le monde, mais peut-être plus pour notre génération. À notre âge, on sort, on passe les soirées dehors, on n’a pas envie de rester enfermés », explique Éric. « Je suivais mes cours seule sur mon ordinateur. Je me sentais isolée et exclue de la vie active », poursuit Élise. 

Résultats ? Un moral abimé et une santé mentale fragilisée : un quart des 18-25 ans déclarent avoir été traversés par des pensées suicidaires. « J’ai vu plein de dépressions autour de moi », confirme Jérémy. Mais confiné en famille et d’un naturel positif, il est passé entre les mailles du filet. 

Les années Covid ont révélé les capacités de résistance et de résilience de cette génération Z. « J’ai respecté les directives du Gouvernement en me disant que la vie allait reprendre. Je me suis concentré sur mes études, et j’ai eu de supers notes ! », ajoute le jeune homme. Touchés mais pas coulés, de nombreux jeunes ont réussi à ajuster le tir et rebondir, en route vers un avenir rempli de questionnement, mais aussi d’espoir !

Génération désenchantée ?

« C’est sûr qu’entre la Covid, la crise écologique et la guerre en Ukraine, c’est difficile de rester positif, confie Éric. Nos aînés nous ont laissé un cadeau empoisonné et c’est à nous de réparer les pots cassés ». La crise de la Covid a-t-elle été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase ? Biberonnée à la peur du chômage et de l’avenir, la jeunesse souffre aujourd’hui d’éco-anxiété : 60 % des 16-25 ans se disent très inquiets face au changement climatique et 75 % jugent le futur « effrayant ». 

La guerre en Ukraine a ajouté un nouveau poids : « Les premiers jours, je ne voyais défiler que des images d’explosions et de bombardements sur mon fil Instagram, se rappelle Charlotte, 18 ans, étudiante en 1ère année de STAPS à Dijon. C’était prenant… et stressant, on se dit que c’est la porte d’à côté, que ça peut nous toucher ». 

Une chose est sûre : leur salut ne viendra pas de l’élection présidentielle 2022. Les jeunes ont délaissé les urnes et les partis politiques au profit de nouvelles pratiques d’engagement plus directes et concrètes. « J’ai voté mais je suis blasée par ces hommes et ces femmes qui se battent sur un ring depuis des années sans rien changer à notre vie », témoigne Marie, 27 ans, animatrice en centre de loisirs. « Je m’intéresse de très près à la politique, mais je la regarde comme une pièce de théâtre ou une série Netflix. Je pense que les gens attendent trop du Gouvernement, on n’est jamais mieux servis que par soi-même. » Élise a voté elle aussi, sans attente elle non plus : « La jeunesse n’est pas une priorité ».
 

Photo prise lors d'une session Bafa © Matthieu Pina - Pupille de prince


De là à voir l’avenir en noir ? « Cliché ! », répond la jeunesse, qui sait que tout n’était pas plus rose avant. « Peut-être que je me voile la face mais je reste positif. Je pense que chaque époque a ses crises à gérer ! », explique Jérémy. Élise, elle, se réjouit de ne pas avoir hérité de la société post deuxième guerre mondiale, quand les femmes ne pouvaient même pas ouvrir un compte en banque sans l’accord de leur mari ! « Je suis consciente des progrès, même s’il reste plein de choses à améliorer »

Le contexte difficile de ces dernières années n’aura donc pas réussi à étouffer les rêves et les espoirs de la jeunesse. « Mon rêve ? Qu’il n’y ait plus de pollution ni de harcèlement de rue, même si cela est utopique, déclare Élise. Je vise aussi un Master en économie sociale et solidaire, pour impulser de nouvelles dynamiques sur le tri des déchets ou l’égalité homme-femme ». Jérémy rêve, lui, de partir travailler aux États-Unis. « La culture et le sport nordaméricains me fascinent depuis tout petit. Un an que je prépare ce projet, mes CV sont prêts à être envoyés. J’ai aussi plein d’autres objectifs : travailler dans un club de football professionnel, pour une écurie de Formule 1 ou Roland Garros… » Non-voyant, Éric, espère travailler à la radio et faire connaître sa musique et ses fictions audio pour montrer à tous et à lui-même qu’il peut y arriver. Tous trois s’engagent à leur échelle pour transformer la société dans laquelle ils veulent vivre...