
À l’heure où les fractures sociales et démocratiques se creusent, le pouvoir d’agir des habitants est devenu un enjeu majeur dans les territoires. Pourquoi et comment passer du “faire pour” au “faire avec” ? Qu’est-ce qui freine le développement de ce qu’on appelle aussi empowerment ? Lumière sur une notion exigeante et sur les dispositifs mis en place par l’UFCV pour la mettre en œuvre.
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Pouvoir d’agir : de quoi parle-t-on ?
Le pouvoir… et le processus
Le pouvoir d’agir ne se résume pas à s’impliquer dans un projet collectif. Yann Le Bossé, fondateur de cette approche, le définit comme « un processus par lequel des personnes acquièrent plus de prise sur ce qui est important pour elles, leurs proches ou leur collectif ». Autrement dit, c’est la capacité réelle des habitants à peser sur ce qui affecte leur vie, en transformant à la fois leur environnement et leurs propres ressources.
Étroitement lié à la notion d’empowerment, le pouvoir d’agir se rapproche aussi de la démarche d’Education populaire : partir de l’expérience des habitants, reconnaître leurs savoirs et construire avec eux des réponses collectives.
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Une défiance qui limite le pouvoir d’agir
Aujourd’hui, le pouvoir d’agir se heurte à une crise de confiance profonde des citoyens envers les institutions politiques. Une récente enquête montre que 8 Français sur 10 estiment que la démocratie fonctionne mal et se sentent en décalage avec les décisions prises au sommet de l’Etat. Dans ce contexte, les expériences de participation locale sont grandement freinées : pourquoi essayer de transformer les choses si l’on pense que les résultats sont joués d’avance ?
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Fractures sociales et discriminations : des obstacles à l’action
Selon l’Observatoire des inégalités, les habitants des quartiers populaires et des zones rurales fragiles sont davantage exposés à la précarité, aux emplois pénibles, aux logements dégradés et à un accès restreint aux services publics. Résultat : les espaces de dialogue se raréfient, les liens collectifs s’affaiblissent et la confiance - en soi, dans les institutions, comme envers les autres groupes sociaux - se délite. Ces fractures sociales, territoriales et discriminatoires ne sont pas de simples injustices abstraites : elles réduisent très concrètement les possibilités d’action des habitants.
Pourtant, l’envie d’agir est bien là. Chaque jour, des milliers de personnes s’impliquent dans des collectifs, associations, projets solidaires, jardins partagés ou cafés citoyens. Ce foisonnement prouve l’existence d’un véritable potentiel d’action, à condition de disposer d’espaces et d’outils pour peser réellement sur les décisions.
Pourquoi développer le pouvoir d’agir ?
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Revitaliser la démocratie locale
Développer le pouvoir d’agir des habitants, c’est :
- Passer d’une logique de « public cible » à une logique de citoyens acteurs,
- Encourager l’auto-organisation (collectifs, associations, réseaux d’entraide) de citoyens capables de négocier, contester, proposer,
- Construire des politiques publiques qui s’appuient sur les initiatives locales.
Sans pouvoir d’agir, la démocratie locale reste très verticale, fragile et difficilement crédible. Avec lui, les décisions gagnent en légitimité et en efficacité.
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Lutter contre la précarité autrement
Derrière la notion de pouvoir d’agir se cache aussi celle de justice sociale. Pour Yann Le Bossé, renforcer le pouvoir d’agir, c’est transformer en profondeur la logique de l’intervention sociale : il ne s’agit plus « d’aider » des personnes considérées comme vulnérables, mais de soutenir des citoyens capables de définir ce qui est important pour eux et d’agir en conséquence.
Cette approche réduit le sentiment d’impuissance et favorise la prise d’initiative. Ainsi, le pouvoir d’agir devient un levier psychosocial (pour retisser de la confiance) et politique (pour transformer les rapports de pouvoir).
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Valoriser les habitants et créer de la cohésion
Redonner du pouvoir d’agir, ce n’est pas simplement consulter les habitants :
- C’est les reconnaître comme acteurs à part entière,
- Valoriser leurs savoirs d’usage,
- Créer les conditions pour que leur implication ait un impact réel.
Pour l’action publique, il s’agit aussi de mieux ajuster les politiques aux réalités locales et d’éviter les dispositifs « hors-sol ». À la clé : des liens de confiance renforcés, une cohésion locale consolidée et des solutions plus durables, construites depuis le terrain.
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Les actions concrètes de l’UFCV
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Les Espaces de Vie Sociale (EVS)
L’UFCV s’appuie sur son ancrage territorial, sa culture de l’Education populaire et son rôle de facilitateur pour accompagner les habitants dans la construction de projets collectifs, pour, par et avec eux.
Les Espaces de Vie Sociale sont au cœur de cette approche. Lieux de proximité ouverts à tous, ils sont pensés pour favoriser les rencontres, la participation et l’engagement citoyen. L’objectif n’est pas de « faire à la place » des habitants, mais de leur donner les moyens d’agir et d’influer sur leur territoire.
À l’EVS de Gaillefontaine (Normandie), par exemple, l’UFCV accompagne la création d’un comité d’habitants chargé de co-construire le programme d’activités 2026. Les habitants définissent eux-mêmes les priorités et les actions à mettre en place et renforcent leur rôle dans la gouvernance du lieu.
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