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Difficile à définir, stigmatisée et stigmatisante, taboue… La santé mentale est une question aussi délicate que majeure, alors que plus d’un enfant sur six souffre d’un trouble mental ; que le nombre de tentatives de suicide a augmenté de 66 % chez les adolescents entre 2019 et 2022 et que 55 % des jeunes de 18 à 24 ans ont déjà été affectés par un trouble de santé mentale. Et les chiffres ne sont pas plus rassurants chez les adultes, qui seront 1 sur 4 à être confrontés à un trouble mental au cours de leur vie.
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Face à ce constat alarmant, il est urgent de se mobiliser collectivement pour proposer des actions de prévention aux différents publics.
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Santé mentale : de quoi parle-t-on ?
La notion de santé mentale est assez difficile à définir pour le grand public, qui la réduit souvent à la maladie mentale et, ce faisant, stigmatise les individus étant confrontés à des troubles de santé mentale. Le même raccourci est à l'œuvre concernant la prise en charge de la santé mentale en France, et en particulier son intense médicalisation, qui a mené les politiques publiques à développer un modèle de prise en charge plutôt que de prévention.
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En réalité, la santé mentale est une notion beaucoup plus large, que l’OMS définit comme « un état de bien-être mental qui nous permet de faire face aux sources de stress de la vie, de réaliser notre potentiel, de bien apprendre et de bien travailler, et de contribuer à la vie de la communauté. Elle a une valeur en soi et en tant que facteur favorable, et fait partie intégrante de notre bien-être. »
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À cette définition, il faut ajouter que la santé mentale est influencée par une interaction complexe de nombreux facteurs tels que les relations sociales, les événements de la vie, des facteurs génétiques, le revenu, la formation, l’emploi, le logement, etc. et qu’il est en conséquence insensé de faire peser sur l’individu seul l’entière responsabilité de sa santé mentale.
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Comme l’explique Sirena Colucci, Responsable Vie associative en Nouvelle-Aquitaine, « en région, nous constatons que la santé mentale de nos publics se dégrade, tout secteur confondu, qu’il s’agisse des stagiaires Bafa, des volontaires en Service Civique, des vacanciers ou même des stagiaires en formation professionnelle. Beaucoup de jeunes sont isolés, ont du mal à prendre la parole en public, fondent en larmes, etc. Ce qui nous a amené à nous poser la question de notre rôle, en tant qu’association, dans l’accompagnement de nos publics sur cet enjeu de santé mentale. »
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La prévention : un levier clé à actionner
Si la pandémie de Covid a davantage fragilisé la santé mentale des jeunes, la multitude de crises auxquelles ces derniers ont été confrontés très tôt dans leur vie, explique aussi cette dégradation : urgence climatique, contexte géopolitique compliqué et climat social brûlant, pour ne pas toutes les citer. L’environnement anxiogène dans lequel ils grandissent impacte nécessairement leur santé mentale, au même titre que l’utilisation des réseaux sociaux et toute autre évolution traversant la société.
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Face à des facteurs souvent difficiles à maîtriser, comment préserver la santé mentale des jeunes ? Un élément central de réponse se trouve dans la prévention. Une étude sur la santé mentale mandatée en 2021 par Unicef montre d’ailleurs à quel point la sensibilisation est un levier important : 37 % des jeunes interrogés connaissent des problèmes de santé mentale mais 29,1 % des jeunes interrogés n’en parlent à personne. Moins de la moitié se tournent vers une offre de soins psychosociaux pour obtenir de l’aide et seuls 3% ont eu recours à des professionnels du secteur de la santé ou de l’éducation.
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Selon l’UNAFAM (Union nationale de familles et amis de personnes malades et/ou en situation de handicap psychique), parler a aussi un prix et expose à des discriminations : dans une étude qu’elle a réalisée, près de 40 % des personnes concernées disaient avoir subi discrimination ou rejet après avoir évoqué leur maladie.
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Les jeunes se retrouvent donc encore trop souvent seuls face aux problématiques de santé mentale, par manque de connaissance ou par peur d’être stigmatisés. C’est pourquoi, en matière de politique publique, il est primordial de mettre l’accent sur la prévention. Dans son étude, l’Unicef recommande trois actions concrètes en ce sens :
- Mettre en œuvre des programmes de prévention adressé aux jeunes à un stade précoce afin de renforcer les facteurs de protection et détecter les premiers signes au plus vite.
- Briser le tabou et la stigmatisation autour du recours aux services de santé mentale en menant des actions de sensibilisation auprès de l’ensemble de la population, jeune et moins jeune.
- Mener une veille continue sur le sujet à travers des enquêtes régulières afin de s’assurer que les dispositifs en place restent pertinents et adaptés.
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Accompagner ses publics en matière de santé mentale : l’UFCV s’empare du sujet
Au contact de la jeunesse, de la petite enfance à l’entrée dans l’âge adulte, les équipes de l’UFCV sont souvent témoins des premiers symptômes d’une santé mentale fragile. Quel rôle alors une association comme l’UFCV peut-elle jouer dans l’accompagnement de ses différents publics en matière de bien-être mental ? Soulevée par l’UFCV en Nouvelle-Aquitaine et en Occitanie, la question a poussé ces deux antennes de l’association à s’emparer du sujet. Première étape pour appréhender le sujet : une journée de sensibilisation auprès de l’ensemble des acteurs des deux régions, débouchant sur une seconde journée avec l’intervention de l’UNAFAM. L’objectif ? Pouvoir par la suite entreprendre un travail de formation auprès de quelques salariés de l’UFCV en Nouvelle-Aquitaine et en Occitanie. Au total, 16 d’entre eux ont été formés aux Premiers secours en santé mentale (PSSM) durant 2 jours.
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Comme l’explique Sirena Colucci, « l’objectif n’est pas d’apprendre à poser un diagnostic mais plutôt à accueillir les situations qui se présentent pour mieux orienter nos publics ». C’est avec cette volonté qu’un guide de la santé mentale a été élaboré à destination des acteurs de l’association. Dedans, ils peuvent y retrouver des ressources pour mieux appréhender les notions autour du bien-être des jeunes mais aussi savoir réagir et orienter chaque personne selon les symptômes. Parce que les situations rencontrées sont complexes, multiples et peuvent variées selon le public accueilli, le guide a vocation à être partagé aux acteurs de l’UFCV accompagné d’un temps de sensibilisation permettant l’étude de cas concrets. Dans le même temps, des modules de formation autour de la gestion des émotions ou de la communication non violente sont en cours de création pour permettre in fine aux jeunes de développer leurs compétences psychosociales et les préparer ainsi à des situations plus ou moins complexes de la vie quotidienne.
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Un premier pas que l’UFCV entend poursuivre dans les prochains mois car bien que souvent négligée, la santé mentale reste une responsabilité collective.